mardi 20 mai 2014

La rec #LGBT du mois par Taraxacumoff


Le baiser de la femme-araignée de Manuel Puig
 Histoire de varier un peu les plaisirs, voici un très connu roman argentin de Manuel Puig, dont la célébrité a été renforcée par son adaptation cinématographique d’Héctor Babenco, sorti en salles en 1985 et qui valut, excusez du peu, à l’acteur William Hurt l’Oscar du meilleur acteur et un prix au festival de Cannes.
 Sans les commentaires enthousiastes de lectrices de ma connaissance, lectrices dont le goût m'a toujours paru très sûr, je n'aurai jamais ouvert "Le baiser de la femme-araignée" et j'aurai raté quelque chose. J'avoue que les prémisses me faisaient un peu peur : il s’agit d’un roman carcéral où deux prisonniers s'évadent de leur cellule quand l'un conte à l'autre, tel une Shéhérazade argentine, les films qui ont su l'émouvoir. Le sujet est intéressant, oui, des plus originales, oui, mais difficile et j’imaginais mal comment il pouvait tenir sur tout le roman sans devenir quelque peu répétitif. Le moins qu'on puisse dire est que l'auteur s'en tire brillamment.
L'un des deux protagonistes, Valentin Arregui, est un prisonnier politique, révolutionnaire emprisonné pour ses idées politiques et son appartenance à des mouvements de lutte clandestine, tandis que l'autre, Molina, parle de lui-même au féminin, a été condamné pour détournement de mineur et n'a jamais mis les pieds dans un meeting politique de toute son existence. Rien donc en commun au début mais entre ces deux hommes naît un dialogue, nuit après nuit, qui rapproche finalement deux étrangers. Le texte est complété de notes de bas de pages sur les théories psychanalytiques sur l’homosexualité qui accompagnent le lecteur à mesure que, au fil des jours, au fil des films, se dessine une trame des sacrifices répétés de toutes les figures féminines que Molina admire tant. Tout en dialogue en ce qui concerne les deux prisonniers, l’histoire se fait touchante d'affection, d'amitié, portée par les tragédies superbes que conte Molina et qui préfigurent une fin inéluctable.
Un très joli roman, très pudique, sur les carcans que la société impose aux sexes mais aussi tout simplement une très jolie histoire.

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